les attentes des parents


  1. A l'école, j'apprends pour quoi ? Je travaille pour qui ? Témoignage de grands-parents

Lors d’un petit déjeuner calme et détendu d’un lendemain de fête et dans un cadre champêtre, des grands-parents et deux de leurs petits fils (Paul, 11 ans et Baptiste, 9ans) en viennent à parler des Fables de La Fontaine.

Qui se rappelle l’une ou l’autre de ces Fables ? Après quelques recherches dans les mémoires et le plaisir de les évoquer, Baptiste nous dit avec un air ravi :

  • Moi, il y a 15 jours je devais apprendre pour l’école ‘Le Loup et l’Agneau’, mais comme j’étais malade je n’ai pas eu besoin de l’apprendre !

  • Ah ! Bon, s’étonne l’un des adultes, et tu penses que tu as eu de la chance ?

  • Ben oui !


Se poursuit alors un échange imprévu où l’occasion fait des grands-parents des enquêteurs improvisés.

  • Mais cette fable pourquoi devais-tu l’apprendre ?

  • Pour la réciter au professeur et avoir une note

  • Ah ! oui, mais le professeur la sait cette fable !

  • !!!!!!

  • Et la note elle sert à quoi ? Qu’est-ce que tu vas en faire ?


Les deux enfants restent bouche-bée. Ils ne s’étaient jamais posé ces questions et ils trouvent probablement les grands-parents un peu étonnants !

Pour aider la réflexion, les deux adultes changent de matières et mettent en scène l’histoire, l’anglais…

A quoi tous ces apprentissages peuvent-ils servir?


  • L’histoire, à rien, réplique Paul, très assuré

  • Mais quand tu visites un château-fort, n’est-ce pas vraiment amusant d’imaginer un chevalier avec son armure… sur son cheval ….et franchissant le pont-levis pour partir défendre son seigneur ?

Et si tu vas en Angleterre n’est-ce pas intéressant et parfois drôle de pouvoir parler avec ses habitants?


L’éclairage se fait peu à peu. Nous apprenons pour la joie de connaître, de découvrir, de rencontrer le monde et ses habitants. Et voilà, l’école c’est fait pour nous aider à grandir, à comprendre ce qui nous entoure et à être heureux là où nous serons. Mais revenons aux Fables de La Fontaine.

  • Tout-à-l’ heure notre diction des fables n’était elle pas un peu ennuyeuse, non ?

Les enfants acquiescent.

  • Et pourquoi ne pas y prendre du plaisir ?

Et dans leur élan les grands-parents, à l’école du Père Faure, montrent à partir de la fable « Le Corbeau et le Renard » (dont ils se souvenaient encore !) la différence entre une récitation monocorde et le plaisir d’une diction bien intériorisée ! La langue peut-être aussi source d’un vrai bonheur!


Marie-Christine de Kerangat-Toussaint



PS : Revers de la médaille ; le lendemain, au téléphone, la mère de Paul. lui demande s’il a bien fait les devoirs à rendre après les vacances ; et Paul de répondre sans hésiter: « Mais les grands-parents nous ont dit que les notes çà n’est pas important » !



2. Aider à sortir du nid

L'enfant qui reçoit le don de la vie se transforme sans cesse. Il se crée en permanence.

Au terme de ses trois ans, le jeune possède la marche et la parole. Il se développe dans un milieu qu'il s'approprie et dont il prend les mœurs, les habitudes de vie pour être à l'aise parmi les hommes. Il devient curieux et veut savoir le pourquoi des choses. Il aime apprendre et savoir. Sans cesse il évolue et s'adapte. Ainsi arrive la période de la réflexion et du raisonnement mental.

Entre 9 et 11 ans on remarque chez l'élève une étonnante capacité d'acquisition intellectuelle. Il est stable, équilibré et parvient à « l'âge adulte de l'enfance».

L'ouverture, la connaissance, la situation dans l'espace et dans le temps, l'abstraction, le sport, le travail manuel, l'endurance, l'appartenance à un groupe sont les activités importantes de la période des six -onze ans. Toujours actifs, toujours mobilisés, toujours disponibles pour ce qu'ils aiment faire, ces élèves s'épanouissent dans une classe active et dynamique. Sauf cas particulier, le travail et les diverses sollicitations liées aux intérêts de leur âge les mobilisent totalement. Ils apprécient de grandir, refusent l'inaction et sont mal à l'aise dans la dépendance. Les normes sont acceptées si elles sont adaptées. Ces élèves prennent la mesure des règles de vie ensemble et de partage . Leur sens de la justice et de l'équité est l'objet de réflexions et de discussions.


C'est l'âge où l'on voit ces enfants organiser des jeux ensemble et créer des règles. Ils manifestent ainsi que la vie qui leur convient est une vie d'équipe où chacun à une place.


Parallèlement, se développe aussi chez eux cet aspect spirituel qui correspond à un besoin de l'enfant de sortir et d'aller vers le monde. Que dois-je faire? Que fait-on autour de moi?

Le jeune sait se retourner aussi vers lui et se rendre apte à vivre en intériorité avec lui-même et à comprendre qui il est.

Il commence à sentir ce qui est bien, ce qui est mal. Cela se passe d'abord dans l'inconscient. Le jeune cherche à se situer dans le plus ou le moins, dans le bien ou dans le mal. Il juge, il compare, il compte sur l'adulte pour l'aider, l'encourager mais aussi pour respecter sa démarche. Peu à peu « sa morale » deviendra consciente si on lui apprend à donner du sens aux événements, aux situations, à ses quêtes.


A l'adulte il revient d'alimenter la recherche de l'enfant, de l'introduire dans des domaines plus spécifiques: la poésie, la musique, la vie intérieure, la quête spirituelle, la recherche de Dieu...

L’enfant a besoin d'une nourriture qui alimentera «sa» manière de penser et de vivre. Il développera son sens moral. Il acquerra son sens religieux dans un milieu ou la religion est vivante.

Avec puissance naissent les sentiments de justice, d'appartenance, d'existence, de responsabilité. « L'homme conscient » est en train d'advenir. Une personnalité se dessine…

Le jeune libéré se sent grandir. Alors, à cet âge il a besoin de sortir de sa famille « d'aller voir ailleurs ce qui se passe». Il lui faut commencer à « sortir du nid »

L'enfant a formé en lui l'homme individuel, il va créer l'homme social.

L'enfance est terminée.


La période qui suit va être précédée d'une sorte de seconde gestation...

Chacun va continuer sa route…

Monique Le Gall



3. Je n'ai pas le temps

Il suffit d’écouter ces excuses fréquentes que connaissent bien parents et maîtres : « J’ai foot, je vais au judo, ou au cours de musique… je n’ai pas le temps ! », « Si j’avais du temps, c’est bien volontiers que je rangerais ma chambre, que je donnerais un coup de main à mon père pour laver l’auto, que je lirais un livre conseillé par le professeur… ». Et puis, il y a ces sacrés devoirs qu’on fait en dernière minute le dimanche soir ou le dernier jour des vacances. Avant ? on n’avait pas le temps… Toutes ces excuses semblent sincères et laissent les adultes désarmés.

Et pourtant, les jeunes trouvent bien du temps pour surfer sur leur smartphone, pour jouer à des jeux vidéo sur leur ordinateur, pour regarder la télé, pour rencontrer leurs copains, pour écouter leurs chanteurs préférés… On ne saurait leur reprocher ni mésestimer l’utilité de tous ces bons moments qu’ils apprécient et qui contribuent grandement à la formation de leur personnalité..


Mais au fait, leur a-t-on appris à gérer ce temps si précieux, à s’organiser et à établir des priorités ? Bien des jeunes ne font guère de différences entre les activités obligatoires, notamment scolaires, et les activités que l’on peut appeler libres.

En famille, il ne serait pas inutile de prendre quelques fois le temps de réfléchir et de faire réfléchir les jeunes sur leurs activités extra-scolaires. Certains parents pourraient découvrir qu’ils sont les premiers responsables du nombre excessif d’activités artistiques ou sportives, qu’en définitive ils imposent parce que ça fait bien ou parce que c’est à la mode. Pour les jeunes, le décompte du temps passé pendant une journée ou une semaine de vacances pourrait réserver quelques surprises. Ils pourraient ainsi prendre conscience qu’en dehors de ce qui est obligatoire, il leur reste encore bien du temps...Certes, il n’est pas souhaitable que tout soit programmé à l’avance. Un peu de liberté et quelques improvisations sont indispensables.


L’école elle-même est souvent responsable de tous ces manques de temps lorsqu’elle impose de nombreuses leçons et autant de devoirs. Malgré des interdits déjà anciens ou des recommandations ministérielles, cette coutume est tenace. Plus il y a de leçons et de devoirs, plus le maître est bien vu… des parents ! Comme si les heures de classe ne suffisaient pas ! Beaucoup d’adultes, après une dure journée de travail, accepte-raient-ils de rapporter encore des travaux à la maison ?


Les enseignants devraient aussi contribuer à apprendre aux jeunes à gérer leur temps. En pédagogie personnalisée, on attache, à juste titre, beaucoup d’importance aux programmations et aux plans de travail. Les jeunes peuvent alors savoir exactement où ils en sont, ce qu’ils ont fait et ce qu’il leur reste à faire. On peut leur demander aussi de comptabiliser le temps passé pour acquérir telle ou telle notion. Car, en définitive, ce sont eux et bien eux qui sont responsables de leur travail et donc de la manière d’occuper leur temps.


Avec Pierre Faure, nous pouvons dire qu’apprendre à gérer son temps c’est tout simplement « apprendre à être ».


Jean-Marie Diem