POURQUOI CERTAINS ÉLÈVES S'ENNUIENT-ILS EN CLASSE ?

Les profils des élèves ne sont pas identiques et c’est de la responsabilité des éducateurs (parents, professeurs…) de discerner ce qui empêche certains de grandir, de se prendre en charge, de faire des projets. Dans nos salles de classes nous voyons parfois des jeunes sans ambition : ils s’ennuient.

D’où vient leur passivité ? Est-elle due à un manque d’intérêt pour les activités proposées ? Leur donne-t-on l’occasion de choisir parmi des matières, des exercices ? Leurs observations sont-elles reçues ? Ont-ils des responsabilités à leur mesure ?

Parfois on peut constater que certains peuvent être particulièrement rapides; ils ont souvent terminé le travail avant les autres. Ce sont des surdoués pour lesquels il faut prévoir des travaux d’extension ou de dépassement. Ou alors ce sont des élèves qui croient tout savoir ; ils bâclent leur travail et l’adulte se doit d’intervenir…

C’est aussi une question de tempérament. Il y a des caractères amorphes ou apathiques qu’il faut de temps en temps secouer. En réalité ceux-là ne s’ennuient pas. Ils dorment ou ils rêvent.

Posons –nous aussi la question : au lieu de les lancer vers un but ambitieux qui correspond à leur aspiration, à leur désir, à leur cœur n’avons-nous pas préféré parfois aplanir un chemin trop ardu pour qu’ils n’aient pas trop d’efforts à fournir et ainsi leur épargner la peine de l’escalade ?

Nous avons pensé les protéger. N’avons-nous pas manifesté une défiance à l’égard de leurs capacités ou de la peur à les laisser avancer seuls par leurs propres moyens ? N’avons-nous pas sous-estimé leurs forces ? minimisé leurs exigences ? accepté leur passivité ? excusé leurs faiblesses ?

Ont-ils compris, s’ils ont un désir, que pour pouvoir le réaliser il faut un idéal, une espérance et qu’ils devront s’engager pleinement ?

Ces élèves ont des cerveaux en état de marche. Ils existent. Ils ont des exigences de vérité, de bonheur, de justice, de plénitude. Cela constitue leur moi humain. Ils peuvent comprendre et très bien comprendre comment fonctionnent les choses. Ils sont lucides, souvent impitoyables. Ils ont un jugement clair sur la réalité.

Comment les réveiller ? Il faut une proposition vivante, une autorité, une présence provocante qui engendre la nouveauté, l’étonnement, le respect. Ces jeunes ont besoin d’adultes qui les défient. Il ne faut pas les laisser s’endormir ni réduire leur dignité et leur capacité à être. Il faut provoquer chez eux un intérêt pour l’existence, les mettre en mouvement, activer leur curiosité.

Si les propositions d’activités sont pertinentes, si elles ont du sens par rapport aux exigences de la vie, si elles sont soumises à la critique et au choix, si elles sont capables de répondre aux besoins des élèves, si elles ont de l’importance et apportent le succès, si elles valorisent et engagent l’avenir, si, à travers elles, les efforts sont reconnus et appréciés, alors ces jeunes peuvent sortir de leur torpeur, devenir autonomes et conscients. Ils mettent en œuvre leur intelligence et leur cœur et vont développer leur personnalité.

S’ils ont la reconnaissance et le soutien approprié de l’adulte, ils trouvent l’espace qu’il leur faut pour grandir.

Monique Le Gall