l'organisation de la classe

L'ESPACE EN MATERNELLE

Etant donnés les besoins très spécifiques des jeunes enfants, leurs espaces varient selon les âges. Chez les tout-petits, les coins aménagés - jeux, activités de vie pratique, peinture, travaux manuels, apprentissages des gestes de base, langage, observations - permettent l’alternance entre les types d’activités qui demandent une action physique, un retrait du groupe, un rassemblement, des manipulations volumineuses, des déplacements fréquents. Il y a lieu d’organiser tout autour du local des espaces propres aux diverses expériences et apprentissages. C’est ainsi qu’il y a un endroit repérable pour des activités identifiables où le jeune peut réaliser une acquisition précise, avec un outil précis.

Le décloisonnement des "espaces" s'impose. Chacun, destiné à une démarche précise, concentrera le matériel didactique utile et adapté. Celui-ci est présenté "en progression"; c'est à dire dans un ordre logique allant du simple au complexe. L'enfant peut seul, ou avec d'autres, mener une activité. Dès lors, les conduites se trouvent liées au bon ordre et au bon fonctionnement.

Des règles s'imposent: celles du rangement, de l'ordre, du silence ou "parlé bas", du respect des objets et des relations normalisées avec les camarades. Si les aménagements sont conformes aux besoins, les apprentissages s'enchaînent et deviennent plus aisés. Par ce moyen, l'enfant apprend à vivre dans un lieu précis et à en tirer tous les avantages.

La ligne, chère à Maria Montessori, est un tracé au sol ovale et fermé , sur lequel il y a lieu de réaliser des activités simples : se réunir, s’asseoir, circuler à l’extérieur, s’installer à l’intérieur… La ligne est un moyen facile qui permet d’introduire des règles de circulation, d’établir des repères visuels auxquels les jeunes sont sensibles et qui délimite les activités débordantes et incontrôlées dues au jeune âge. Elle permet aussi de rassembler les enfants d’une manière organisée et orientée vers l’écoute et la communication.

Le tapis (1m sur 0,80cm environ) est propre et toujours disponible. C’est un espace limité, le lieu d’une activité précise et personnelle qui permet à l’élève de s’isoler du groupe, de se poser dans un endroit de son choix avec un matériel, sans déranger, sans être dérangé, pour un temps limité.

Les enfants auront des modes d'emploi et des démonstrations sur l'usage et le fonctionnement des objets courants et des gestes appropriés (ouvrir et fermer une porte, plier et déplier un tapis, essuyer un meuble, laver un sol, effacer une tâche, s'habiller, se laver les mains...)

Chez les deuxième et troisième années de maternelle les apprentissages sont aussi très spécifiques, les outils seront sélectionnés et proposés pour conduire vers des acquisitions qui sont des préalables indispensables à l’approche de l’écriture, de la lecture, du calcul, du langage, de l’observation du temps, du monde, de la nature…

Les « coins » se spécialisent : coin sensoriel, coin écriture, coin lecture, coin observation, coin calcul, coin peinture, coin bibliothèque… Le coin est en quelque sorte un tout spécifique qui permet à l’enfant de travailler en accédant à l’autonomie. Chacun propose une progression d’exercices (avec un stimulant isolé) allant du simple au complexe. Les progressions évoluent au cours de l’année et s’enrichissent en fonction de la vie et du programme de la classe.

On peut dire que chaque âge ayant ses besoins, il convient d’adapter les classes aux nécessités particulières de chacun et de l’ensemble. Mais une classe maternelle n’est pas qu’un espace de jeux, de repos, de détente ; c’est le lieu de l’éveil, de l’apprentissage des gestes de vie, de l’élaboration des savoirs, de la convivialité, du rapport juste à l’environnement et aux personnes.

Monique Le Gall

LE TRAVAIL PERSONNALISE EN CM1

Dans la classe de CM1 de l'école Bossuet, nous travaillons en travail personnalisé !

« Nous arrivons en classe ; nous nous mettons au travail personnalisé. En travail personnalisé, nous avons des dossiers de mathématiques et de français. Nous avons aussi des « matériels surprises » qui nous font réfléchir et nous « auto-évaluer ». Ça change vraiment des autres écoles ! C 'est aussi ce qui permet de réviser les matières où l'on a du mal. Quand nous avons fini notre travail, nous écrivons ce qu'on a fait pour voir si nous avançons. C'est nous qui choisissons nos dossiers. »

Clémentine, (en classe de CM 1) Clémentine est nouvelle élève à Bossuet depuis cette année.

Chaque élève choisit son travail...

« Dans la classe de CM1 de l’école Bossuet, Il y a deux grandes matières : les mathématiques et le français. Les dossiers de français demandent des connaissances de conjugaison, d'orthographe, de grammaire, d'écriture et d'expression écrite. Les dossiers de mathématiques demandent des connaissances de numération, de mesures, d'opérations, de raisonnement et de géométrie. Chaque élève choisit son travail. Chacun avance à sa manière, sans traîner trop. Le travail personnalisé apprend beaucoup de choses : des choses difficiles et des moins difficiles. Nous avons une programmation de français et de mathématiques, avec des cases que nous devons colorier au fur et à mesure que nous avons fini un exercice. Nous travaillons dans notre cahier jaune. Quand on a du mal, on peut faire d'abord l'exercice sur le cahier de brouillon. Pour le français, on peut utiliser un dictionnaire !

Après avoir fini un exercice, nous le montrons à la maîtresse et quand nous avons terminé un dossier, nous faisons le « matériel surprise ».

Le matériel surprise, c'est un travail qui sert à réviser le dossier entier. Dans le matériel surprise, il y a des étiquettes avec un système auto-correctif, des choses à écrire ou des choses à construire. Les étiquettes sont rangées dans des enveloppes. Bien les ranger est notre responsabilité. Le système autocorrectif sert à apprendre à se corriger. Quand on a terminé un dossier, on fait la danse de la victoire et c'est très marrant.

J'aime beaucoup le travail personnalisé.

Texte collectif : Virgile, Clémence, Maceo, Gustave, Gaspard, Bianca, Stanislas

Classe de CM1 de Marie-Christine Julien, Ecole Bossuet, Paris

Photo : A. Faury

AU COLLÈGE, LE TRAVAIL EN ATELIERS

En collège, l’organisation générale de l’emploi du temps peut reposer sur des séquences de 45 minutes. L’horaire officiel est réparti en cours et en ateliers. Les cours sont classiques et les ateliers sont regroupés sur des plages qu’on appelle « TEMPS DES ATELIERS » Sur ces plages, les élèves peuvent avoir :

  • des ateliers-matières

  • des ateliers culturels

  • du tutorat

  • des ateliers de méthodologie (lecture, organisation, apprentissage etc.)

  • des groupes de réflexion ou, pour un établissement catholique, de catéchèse volontaire.

Chaque élève apprend à s'organiser dans son travail personnel. Il choisit la matière qu'il désire travailler. Avant chaque plage de travail d’une heure trente, les élèves disposent de 5 minutes pour préparer leurs affaires d'atelier réduites au minimum : une trousse et un trieur dans lequel chaque onglet est dévolu à une matière. On y trouve un plan de travail (ou « Parcours » ) établi par le professeur ce qui permet à l’élève de savoir à tout moment où il en est et ce qu’il doit faire.

Cette feuille comporte aussi le suivi par l'élève de son travail (noté à chaque atelier), le suivi du professeur (remarques, travail complémentaire), l'auto-évaluation par l'élève et la signature des parents (en fin de période).

Dans la salle d’atelier, l’élève trouve le matériel nécessaire : manuels, dictionnaires, atlas, revues, directives de travail… Il se déplace pour aller chercher les outils qui lui sont nécessaires sur les étagères prévues à cet effet. Suivant son niveau, le travail proposé correspond à une remédiation, à un approfondissement ou à la découverte d’une nouvelle notion.

Le professeur de la matière qui anime l'atelier est à la disposition de chacun, il favorise également l'entraide entre élèves. Chaque élève travaille à son rythme, il est acteur de son travail. L’élève corrige lui-même ses erreurs grâce aux autocorrectifs mis à sa disposition. Il peut solliciter l'aide du professeur s'il n'a pas compris. L’élève doit s'inscrire pour passer les contrôles oraux ou écrits quand il estime avoir acquis une notion ou une compétence particulière. Si le professeur constate l’acquisition de la notion ou de la compétence, l'élève en travaille une nouvelle, sinon il lui est proposé un travail de remédiation.

Les ateliers sont un temps privilégié pour permettre aux élèves d'acquérir, d'approfondir et valider les compétences aussi bien à titre individuel qu’ en groupe, ce qui est efficace et enrichissant. La répartition mixte de l’horaire officiel en cours et en ateliers permet à chaque professeur d’accéder à deux types complémentaires de pédagogie : d’une part la pédagogie « classique » du cours. La durée de 45 minutes contraint les professeurs à une plus grande rigueur. Le complément en atelier leur permet de mener avec plus d’efficacité le programme qui reste l’une de leur grande préoccupation, puisque les élèves pourront reprendre, chacun à son rythme, certaines notions plus difficiles à assimiler; d’autre part la pédagogie personnalisée de l’atelier qui fait, du professeur le pédagogue qui accompagne l’élève, plus que le maître qui enseigne.

Anne Marie CORDIN

Cette organisation par ateliers a été mise en œuvre notamment à l’école Ste Marie de Langon sous la direction d’Anne Marie Cordin.

LA MISE EN COMMUN

L’enseignant joue en sourdine un air de flûte… Tous savent ce que signifie le signal. C’est l’heure de la mise en commun. Le travail personnalisé s’arrête. Chacun s’affaire pour ranger le matériel, les livres, les documents qu’il était en train d’utiliser. Ceux dont le rangement est terminé poussent les tables vers le fond de la classe pour dégager la ligne blanche peinte sur le sol. C’est là que les élèves viennent s’asseoir en tailleur les uns après les autres… Ce même rituel se reproduit chaque jour en fin de matinée après la séquence des travaux personnalisés. Si la salle est assez grande et que le mobilier est facilement déplaçable, on peut aussi disposer en cercle les chaises. Si non, chacun reste à sa place mais se tourne vers l'enseignant. En primaire, la mise en commun dure environ ½ heure. En secondaire, c’est un peu plus long, parfois 1 heure et on parle plutôt de « conseil d’animation ».

Leçon de silence avant la mise en commun Le temps communautaire est un moment privilégié. Il est indispensable pour éviter l'individualisme qui pourrait se développer si l'on se limitait à des travaux personnels. Il est donc, fort heureusement et tout naturellement, complémentaire du travail personnalisé. Son principal objectif est de créer une dynamique et une vitalité dans le groupe d'élèves et de contribuer à la construction de la personnalité dans ses aspects sociaux et interrelationnels : découverte des autres et de leurs différences, goût pour l'échange, participation à la vie collective, prise en charge de responsabilités…

La mise en commun n'est pas n'importe quoi. C'est un moment de travail intense qui nécessite de la part de l'adulte fermeté et vigilance. C'est indispensable pour calmer certains élèves un peu trop excités, faire taire ceux qui voudraient accaparer la parole ou au contraire solliciter ceux qui se montrent trop timides. Cette phase nécessite de la part du maître une préparation comme un cours ou une leçon.

Voici quelques suggestions pour organiser une mise en commun efficace :

  • Engager des échanges et une régulation sur ce qui s’est passé dans la matinée. Certains élèves ont-ils fait des découvertes étonnantes ? D'autres ont-ils rencontré des difficultés et comment les ont-ils surmontées ? Y a-t-il des directives écrites qui ne sont pas très claires ? Pourquoi utiliser tel ou tel matériel pédagogique ?​

  • Proposer un temps « administratif » où peuvent intervenir les élèves en charge d’une responsabilité. C’est aussi un moment où chacun vérifie la mise à jour de ses programmations et plans de travail, note les contrôles passés puis écrit ce qu' il a fait dans la matinée, ses avancées ou ses retards sur ses prévisions enfin réfléchit sur ce qu’il envisage de faire le lendemain.​

  • Donner une courte « leçon magistrale » sur un thème ou une notion qui intéresse toute la classe ou proposer à un élève, avancé sur le sujet, de faire lui-même un mini-exposé.​

  • Parler de l’actualité dans la classe et dans l’école. On peut aussi évoquer des sujets politiques, culturels ou sportifs dont les élèves ont entendu parler à la télévision ou ailleurs.

Pour conclure, disons que l'un des dangers de la mise en commun ou du groupe d'animation est... le bavardage. On ne communique pas sur n'importe quoi. Lorsque l'enseignant ou un élève intervient c'est qu'il a quelque chose à apporter. Ici on apprend à écouter et à échanger. On n'est pas là pour recevoir passivement ou pour critiquer constamment de manière négative.

Jean Marie DIEM


Photo : A. Faury