PERMETTRE DES CHOIX

Sans cesse on fait des choix : acheter, vendre, voter, partir, rester... toute option suppose de savoir renoncer et éliminer mais aussi engage. Il faut assumer ses choix, donner sa parole ou sa signature. Aussi nous pensons qu’il faut apprendre très tôt aux enfants à faire des choix, à avoir des projets, à prendre des initiatives. La pédagogie du choix est nécessaire pour que l’esprit devienne plus ouvert, plus souple…c’est aussi l’apprentissage du respect de la diversité.

Nous pensons qu’ à l’intérieur de tout travail proposé, il est bon de ménager des occasions de choisir : par exemple entre plusieurs exercices, entre plusieurs textes ou poésies sur un même thème. On peut aussi offrir à chaque élève la possibilité de choisir son rôle ou la place qu’il occupera dans une activité commune complexe comme celle, par exemple, d’une pièce de théâtre. L’un sera acteur, un autre metteur en scène, un autre établira le programme, un autre encore sera costumier etc… Les tâches seront différentes en fonction du goût ou des préférences des uns et des autres...

Pour Pierre Faure, « ce que l’on a délibéré, réfléchi, choisi, décidé, meut de l’intérieur, rassemble les énergies, draine et renforce l’attention. Affectivement on aime réaliser ce qu’on a prévu et décidé. »

Photo A. Faury

Certains sont encore allés plus loin. Ils vont même jusqu’à permettre aux élèves de choisir leurs disciplines et leurs horaires. Cela suppose une tout autre organisation. Les élèves se retrouvent non plus par niveaux de classes mais par ateliers spécialisés. Cette expérience des « collèges sans classes » menée par Maurice Feder, il y a déjà plusieurs années, a été mise en œuvre dans quelques établissements. Tous partent du constat que le même programme imposé à tous ne convient à personne. Imposé, le travail pèse; choisi, il plait ! Dans ce contexte, il faut bien sûr veiller à ce que les paresseux ne choisissent rien. De plus, il y a des matières plus importantes que d’autres notamment le français et les maths. Les élèves le savent bien et l’expérience prouve qu’ils ne les négligent pas. Ils s’y inscrivent spontanément.

Pour Maurice Feder, « La culture est approfondissement, non dispersion. Un peu de tout ne laisse rien du tout. Les mathématiques ont valeur de formation. L’art aussi. Et les travaux manuels. Et les langues. Et les sciences de la nature. Et la géographie. Mais pas le tout à la fois. » C’est pourquoi il propose de permettre à chaque élève de choisir 4 ou 5 matières à étudier pendant un trimestre ou un semestre. Et pour ceux qui craindraient une spécialisation trop précoce, il faut rappeler que les enseignants sont là, bien présents, pour proposer, orienter, guider les choix, veiller à un travail en profondeur, mais aussi pour contrôler les recherches et évaluer les progrès.

Pour conclure, relisons Pierre Faure lorsqu’il nous dit : « Tout cet ensemble de choix, d’options, de décisions constitue un véritable apprentissage de la liberté, sans lequel il est vain d’espérer une construction de la liberté. »

Jean Marie DIEM