les instruments de travail

  1. La place des outils dans les processus d'apprentissage

La personne qui apprend est dans une grande disponibilité d’ouverture. L’envie de comprendre, de savoir la motive totalement. Sa curiosité est éveillée. Elle apprend avec tout ce qu’elle est : son corps, son cœur, son esprit et son âme.

Le corps avec tous ses sens est particulièrement impliqué dans les apprentissages. Voir, toucher, sentir, manipuler sont des actes permanents et on peut dire que « l’enfant apprend en bougeant ».

Le mouvement est partie intégrante du développement de chacun et la maîtrise de celui-ci est lui-même lié au développement des gestes qui favorisent et aident les apprentissages.

Mais, malgré ses perceptions intérieures et ses intuitions personnelles, chacun est marqué par le milieu qui est le sien. L’environnement crée les conditions nécessaires aux apprentissages qui se font à partir d’observations, de maniements d’objets, d’expériences, de découvertes, d’imprégnation, de propositions, de mises en situation, de contacts divers, de disciplines scolaires à acquérir, mais aussi d’attitudes, de comportements et … d’échanges.

Plus le milieu est riche, attirant, organisé, personnalisé , meilleur est l’investissement, meilleures aussi les chances de succès.


Dans une classe, dans une ambiance active et respectueuse, où chacun trouve son espace et sa place, les outils les plus performants sont forcément ceux qui sont adaptés à l’âge, aux besoins et aux niveaux d’apprentissage des élèves. Certains concernent les apprentissages de vie pratique, d’autres sont indispensables à chacun pour développer ses sens et affiner ses perceptions. D’autres introduisent à un concept, préparent l’esprit à l’abstraction, aident à la conceptualisation et à la mémorisation. D’autres fournissent l’occasion de répétition, d’évaluation, de comparaison…Et surtout ils introduisent à la connaissance et à la culture. C’est le but.

Mais, dans un parcours accompagné, la tâche des professeurs est de proposer ces outils, de les adapter, de les programmer en fonction des disciplines à enseigner.

Et comme il faudra aider les élèves à avancer, à progresser selon leurs capacités et leurs rythmes, des organisations spécifiques de classe sont indispensables…


En fonction des besoins et des aptitudes, l’enfant utilise un instrument qui lui permet de découvrir une notion, de se l’approprier par une répétition utile, de partager ses découvertes avec un vocabulaire précis, de mémoriser ce qui doit être retenu et de vérifier par lui-même ses connaissances, de corriger ses erreurs, de consigner les notions acquises, de progresser à son rythme. Lui seul peut faire ce parcours et en avoir la conscience. Aidé par le professeur, il peut alors changer d’activité.

L’élève développe ainsi la connaissance qu’il a de lui, prend conscience de ses capacités et acquiert un mode de travail qui le rend autonome. Sa compétence pourra être mise au service de l’ensemble. Ses prises de responsabilité lui donneront une place dans le groupe.

Il construit sa personnalité au travers d’activités qu’il maîtrise, qui le valorisent et l’entraînent vers des progrès reconnaissables. Il prend le goût du travail et de la réussite. C’est bien ce qu’on souhaite pour lui….


Pour cela, une organisation de classe est nécessaire.

Les outils particulièrement organisationnels :

  • le plan d’année, les progressions, le contrat de travail,

  • les fichiers de découverte, les guides de travail, les progressions d’exercices,

  • les tableaux de classification

  • les évaluations individuelles,

sont des outils qui permettent aux élèves de se situer dans le temps, de se repérer dans l’espace…

Puis dans la grande diversité des outils actuels que sont les tablettes, les tableaux numériques, les ordinateurs, il faut choisir et adapter.

Monique Le Gall



2. L'outil didactique

On ne peut parler de Pédagogie Personnalisée sans pressentir le rôle et la place qu'ont les instruments de travail pédagogiques dans ce type de pratique. L'élève qui apprend seul ne peut le faire "sans rien". Il lui faut des intermédiaires rigoureux pour exercer son esprit et comprendre les réalités qui lui sont proposées de connaître, d'assimiler et de maîtriser.

Un outil ?

C'est un objet, un instrument que l'on manipule pour s'aider à réussir une action. On le trouve dans une boîte à outils et on le choisit en fonction d'une nécessité. Un outil n'est pas bon ou mauvais, il est ou il n'est pas adapté à la tâche. Un outil n'est pas une technique, n'est pas un support. Un outil s'utilise par quelqu'un. Un outil est irremplaçable.

Un outil didactique ?

Un outil didactique est un outil qui a rapport à l'enseignement, qui aide à apprendre. On peut nommer de multiples outils didactiques qui sont à disposition : l'affiche pour l'information, la pendule pour la gestion du temps, un carton d'identification, l'animation d'un dessin, une photo, un glossaire technique, un scénario, un mode d'emploi, une vidéo, une fiche de référence, une maquette, ...

Il est l'intermédiaire entre l'élève et le maître. L'intérêt de l'un et de l'autre se porte sur un objet commun : la notion à acquérir. L'outil didactique n'est pas une technique comme le jeu, comme le conte ;c'est vraiment un objet entre les mains de l' élève. Il est conçu pour introduire une connaissance d'ordre notionnelle précise, relevant d'un apprentissage systématique. Il est simple mais non simpliste. II est adapté à un apprentissage donné. Il porte en lui le stimulant et est autant que possible autocorrectif. Il est maniable, c'est l'élève qui l'utilise : celui-ci le connait, le prend, le comprend et en fait usage largement, mais d'une manière ordonnée. (on lui en a montré l'usage ou le mode d'emploi) Comme il est le substitut du professeur, il ne se fatigue pas à se répéter et l'élève sait qu'il peut s'en servir autant qu'il le souhaite. C'est aussi la raison pour laquelle il est solide, attrayant, propre, beau.


Toujours à la même place, il est l'objet de l'attention des élèves. Il se prend, se déploie sur la table ou sur un tapis, dans un espace prévu, mais se range dès la fin de l'usage. Il est un matériel de présentation de notion, de manipulation, d'expérimentation, d'imprégnation mais aussi d'observation, de classement, de synthèse.

Il a des fonctions différentes selon ses destinations mais n'est pas "fonctions multiples". Le stimulant étant isolé, l'attention est attirée sur le bon objet. L'élève situe celui-ci dans la chaine de l'apprentissage. Il se rend capable de cerner, de situer, d'isoler, d'extraire la notion, de repérer l'erreur, d'automatiser la connaissance si bien que, grâce à la manipulation qui induit la compréhension, tout ce qui est conscient finit par devenir implicite. L'élève utilise l’outil à son rythme, il participe par son activité au résultat de son action. Il se démobilise rarement lorsqu'il maîtrise l'objet et devient ainsi moteur de ses progrès.

On peut comprendre que, au fur et à mesure des expériences, même si ces outils sont renouvelés, ils restent pertinents.

Dans cet esprit, il sera proposé de sélectionner ceux qui sont indispensables aux travaux personnalisés des élèves, tout en prenant conscience qu'ils ne sont pas limitatifs et seuls performants. Tout en reconnaissant que ce matériel ne doit pas avoir l'exclusivité dans une panoplie de moyens technologiques virtuels abondants aujourd'hui, il ne faut pas oublier que le contact sensoriel a de l'importance pour découvrir tous les aspects de la réalité..

Monique Le Gall



3. Les frises du temps

Les frises du temps sont indispensables à tous les âges pour aider l’enfant ou le jeune à se repérer mais aussi pour aiguiser sa curiosité. Elles peuvent être construites par les élèves eux-mêmes en classe ou à la maison. On peut ainsi les utiliser :

  • pour la découverte de la chronologie personnelle de l’élève,

afin qu’il prenne conscience de sa propre histoire et de celle de ses parents ou grands parents ainsi que de la place qu’il a dans l’histoire des hommes.

Sur une longue bande de papier, chacun inscrira, la date du jour ou de l’année et remontera le temps par exemple de 10 en 10 années jusqu’au début du siècle passé. Il sera invité ensuite à noter les repères les plus significatifs de sa vie et de celle de ses proches (frères et sœurs, parents, grands-parents…) en inscrivant les naissances de chacun à l’endroit correspondant ainsi que les grands moments de leur vie (mariages, décès, changements de domicile…). Enfin sur la même bande ou sur une autre semblable, il placera en parallèle les principaux faits qui se sont produits en France ou dans le monde à partir d’étiquettes qui peuvent être préparées à l’avance par l’enseignant ou les parents : guerres, grands personnages, événements…

  • pour la construction d’une chronologie plus importante,

avec la frise, l’élève pourra prendre conscience des notions de siècles, de millénaire, d’ère, d’an 0, de période avant et après Jésus Christ… Il pourra situer les grandes périodes de l’histoire occidentale (antiquité, moyen-âge, temps modernes, époque contemporaine...). Il sera amené aussi à remonter dans la nuit des temps et à distinguer l’histoire de la préhistoire.

L’outil ainsi construit lui servira en permanence à situer les faits, les personnages, les inventions qu’il peut rencontrer au cours de ses lectures ou de ses apprentissages. Ainsi il pourra noter :

  • Des événements dans le pays où il habite ou dans des pays plus lointains,

  • Les noms des grands personnages de l’ histoire, de la littérature, des arts, des sciences ou encore du sport...

La frise pourra se lire horizontalement ou verticalement, selon que l’on veut marquer un déroulement ou des rapprochements. Des faits, titres, gravures, images peuvent être inscrits sur des étiquettes qui seront placées au bon endroit sur la frise.

L’élève pourra aussi changer d’échelle en extrayant une période plus restreinte qui lui permettra davantage de développements. Il sera en mesure de franchir des étapes dans le temps en prenant garde de pas se laisser dérouter par un détail.

D’autres frises plus spécialisées pourront être construites, par exemple pour l’approche de la préhistoire afin de prendre conscience de durées parfois très longues. Le jeune pourra aussi confectionner une frise « géologique » avec ses partages en ères, qui deviendra indispensable lorsque le jeune sera en âge de découvrir les origines de la terre et les dates de l’apparition et de l’évolution de l’homme.

Grâce à ce cadre que constituent les frises, les connaissances pourront s’ordonner et se classer en permanence.


Monique Le Gall



4. Du bon usage des fiches

En enseignement personnalisé, on utilise fréquemment des fiches comme directives de travail ou d’évaluation surtout en fin de primaire et tout au long du secondaire. Le visiteur pressé risque de réduire notre pédagogie à une « méthode des fiches » et il aurait tort ! Ce serait oublier les objectifs fondamentaux. Les fiches ne sont en définitive qu’un outil parmi d’autres. On pourrait très bien mettre en œuvre une pédagogie personnalisée sans avoir du tout recours à des fiches. La gêne serait aussi grande que si l’on voulait supprimer l’usage des crayons à bille ou des crayons feutre. Les fiches sont tout simplement des outils pratiques. Elles ont l’avantage de pouvoir être modifiées ou remplacées facilement. Elles sont toujours perfectibles. Il faut en particulier éviter de les multiplier inutilement, de mal les rédiger, d’avoir des fiches confuses qui risquent de faire perdre du temps ou de décourager.

Lorsqu’on décide de confectionner des fiches de découverte ou des guides de travail destinés à faire découvrir une nouvelle notion, il faut déjà se poser quelques questions :

  • Quelle notion veut-on précisément faire découvrir ?

  • De quels acquis faut-il partir ?

  • Quelles sont les différentes étapes nécessaires pour s’approprier et approfondir cette

notion ?

  • Quelles manipulations faut-il éventuellement proposer ?

  • Quels moyens de contrôle faut-il prévoir ?

  • Enfin quelle projection peut-on faire pour une suite de ce travail ?


Parfois il est inutile de recourir à des fiches. Des manuels, des livres d’exercices, des fichiers commercialisés existent. Pourquoi ne pas les utiliser ?

Aujourd’hui beaucoup de directives de travail peuvent être informatisées Des logiciels spécialisés existent dans le commerce. A condition d’être construits de manière simple, rigoureuse et même astucieuse, ces guides de travail peuvent être immédiatement utilisés. Ils ont aussi l’avantage d’être parfois interactifs et souvent auto-correctifs. A l’enseignant de bien les choisir et de discerner ceux qui correspondent aux objectifs d’un enseignement personnalisé.

Dans certains cas, s’il en a la compétence, c’est l’enseignant lui-même qui peut informatiser les guides de travail nécessaires. Dans tous les cas, il ne faut pas abuser de ces outils car on risquerait de lasser les élèves. L’informatisation reste un gigantesque enjeu qui présente beaucoup d’avantages mais aussi quelques dangers.


Quels que soient les moyens utilisés, fiches papier ou guides informatisés, il ne faut pas que les directives limitent les enfants à de petites acquisitions ou à de simples répétitions qui ont certes leur place et leur utilité mais qui restent insuffisantes dans un enseignement réellement personnalisé. Pierre Faure insistait souvent pour rappeler que toutes ces directives, toutes ces fiches devaient s’inscrire dans ce grand mouvement qu’est le mouvement même de l’esprit et de l’être humain qui est personnalisation et intériorisation. Il faut en effet savoir, à travers ces outils, emporter l’esprit et susciter l’expression et la création personnelles. C’est là l’essentiel.


Jean-Marie Diem



5. Savoir prendre des notes

Dès le collège et jusque dans l’enseignement supérieur, on demande fréquemment aux élèves de prendre des notes. Mais sont-ils réellement préparés à cet exercice qui n’a rien d’évident ni de spontané ? On trouvera ci-dessous un exemple de plan de travail simple en 3 étapes dont on pourra s’inspirer en l’adaptant au niveau des élèves :

Exercez-vous à partir d’une émission radio ou télévisée, d’une conférence ou d’un exposé, d’un livre ou d’un article...Demandez-vous à quoi peuvent servir vos notes : pour un examen ? Un contrôle ? Un exposé ?

1. SE PREPARER ET SE METTRE

EN CONDITION D’ECOUTE

· Quelles sont les conditions physiques et psychologiques pour bien écouter et soutenir l’attention jusqu’à la fin ?

· Apprenez à écrire en abrégé ? Faites-vous une liste de quelques abréviations. Vous pouvez prendre des signes utilisés en mathématiques, par exemple ∑ pour « somme » ou « totalité » ou encore > pour + grand ou < + petit…

· Faîtes également une liste d’abréviations courantes pour des mots usuels, par exemple tjs pour « toujours » ou qq pour « quelqu’un »

· Vous pouvez aussi enquêter auprès de quelques camarades pour compléter votre liste.

2. PENDANT L’ECOUTE : COMPRENDRE ET

SELECTIONNER

Savoir CHOISIR

· Distinguez l’accessoire de l’essentiel (surtout ne cherchez pas à noter tout ce qui est dit !)

· Captez les mots-clefs et les phrases maitresses qui souvent sont répétées de plusieurs manières.

· Notez les exemples ou citations qui vous paraissent intéressants.

Savoir CLASSER les idées par ordre d’importance.

· Distinguez les idées principales et les idées secondaires.

· Faites attention à la durée de chaque information.

· Cherchez à comprendre les liaisons entre les idées : logique, déductif, inductif, fantaisiste, surprenant…

Savoir RECOPIER UN SCHEMA.

Savoir UTILISER DES GRILLES possibles de lecture

telles que : Qui ? Quoi ? Quand ? Où ?

Avantages et inconvénients

Causes ? Conséquences ? Remèdes ?

Prévoir UNE MARGE

pour d’éventuels commentaires personnels.

3. APRES LA PRISE DE NOTES :

SAVOIR RETRANSMETTRE


Pour soi-même ou pour d’autres ?

· Relisez vos notes et indiquez bien le nom et la qualité du conférencier, la date, le titre…

· Eventuellement complétez de mémoire

· soulignez les mots essentiels éventuellement par différentes couleurs,

· Reconstituez les paragraphes en hauteur :

A,

1ère,

2ème

Ou en longueur : A…. 1….2 ….

· Posez-vous la question : Quelle est l’information la plus importante ou la plus développée?

· En relisant une nouvelle fois vos notes, recherchez les idées vraiment essentielles et principales, classez les par ordre chronologique

· Repérez et corrigez les fautes d’orthographe.

· Si possible, faites relire vos notes par un camarade ou un de vos parents : sont-elles fidèles, incomplètes, partielles ?

· Soyez attentif au classement de vos notes en choisissant bien le titre qui sera celui du fichier que vous mettrez dans un dossier.

· Et vous ? que pensez-vous de vos notes ? Comment auriez-vous pu les améliorer ?

N.B. On pourra trouver sur internet de nombreuses méthodes d’entrainement à la prise de notes telles que :

http://fr.wikihow.com/prendre-des-notes-en-cours

http://www.lemonde.fr/campus/article/2016/05/11/conseils-pour-prendre-des-notes

Jean-Marie Diem



6. Vue d'ensemble et tableaux de classification

Pour éviter l’éparpillement et les apprentissages trop parcellaires, il est nécessaire d’avoir re-cours à des instruments de travail qui permettent des vues d’ensemble et des synthèses. Ainsi, toutes les classes devraient obligatoirement se voir dotées d’un globe terrestre et d’un planisphère pour permettre aux élèves de situer à tout moment une ville ou un pays rencontrés au cours d’un travail, et cela dans toutes les disciplines. De même, on devrait trouver dans chaque classe une « frise d’histoire », plus ou moins détaillée selon l’ âge des élèves, avec les principaux événements et les grands personnages de l’histoire du monde. Cette frise sera utile pour situer à quelle époque vivait tel ou tel écrivain, musicien, peintre ou toute personne qui apparaît au cours d’un travail.


L’enseignant peut créer lui-même d’autres instruments de travail sous forme de tableaux récapitulatifs ou de synthèses, lorsqu’ils n’existent pas dans le commerce. Il faut en effet qu’à tout moment l’enfant ou le jeune apprenne à situer très précisément ce qu’il a saisi ou observé, puisse classer chaque notion dans un ensemble, apprenne très tôt à comparer et à relier.. Par exemple, une notion de grammaire dans une catégorie grammaticale, une époque géologique sur une frise correspondante, une espèce animale, un végétal ou un minéral sur un tableau de classification.…


On peut très facilement construire toutes sortes de tableau de classification dans les différentes disciplines. Par exemple, en sciences, avec de jeunes enfants, on pourra proposer de classer des catégories d’animaux :

- rampant, sautant, nageant, volant

- à plumes, à poils

- bipèdes, quadrupèdes

- équidés, plantigrades etc.


Pour l’enseignement du Français, on pourra proposer par exemple des tableaux récapitulatifs ou de classification qui permettent d’avoir une vue simple et réfléchie sur la nature ou la fonction des mots ou encore sur l’organisation de la conjugaison. Ainsi, à partir de différents textes on peut de-mander à l’élève de relever tous les pronoms et de les classer de cette façon :

Ces outils et ces tableaux très simples permettent d’éviter l’émiettement des connaissances et d’ouvrir des horizons. Ils ont l’avantage d’inviter à rechercher d’autres notions ou d’autres faits que l’on ne connaît pas encore.

Comme l’écrivait Pierre Faure : « Sans cet effort pour situer le détail dans son ensemble, l’esprit reste sans prise sur le réel, sans vigueur pour l’appréhender. Il devient le jouet de connaissances accumulées mais qu’il ne maîtrise pas. »


Jean-Marie Diem



7. Les écrans : ennemis ou alliés ?

Aujourd’hui nos enfants et nos adolescents, et même nous adultes, utilisons toutes sortes d’écrans : smartphones, tablettes, ordinateurs. Sont-ils des alliés ou des ennemis ? Les réflexions ci-dessous sont très largement inspirées ou directement extraites d’un livre de Michel Desmurget « La fabrique du crétin digital». Les dangers des écrans pour nos enfants » ( Editions du Seuil-septembre 2019 ). Chercheur au CNRS et à l’Inserm Michel Desmurget s’attaque violemment aux idées reçues sur les bienfaits des nouvelles technologies et en dénonce les « effets délétères ».


QUELQUES CONSTATS


L’impact sur le développement de l’intelligence est considérable. L’amoindrissement des lectures ou des échanges interfamiliaux par non disponibilité de l’enfant ou de ses parents, entraîne un effondrement sans précédent des aptitudes langagières. La baisse de la lecture ne sera pas compensée par un jeu vidéo au vocabulaire pauvre et aggravera encore le retard dans l’acquisition de vocabulaire. Les capacités de réflexion et de concentration (le zapping permanent ) sont également atteintes. - Le rôle fondamental du corps dans la construction de la personne et de ses acquisitions est fortement réduit lorsque l’on est « scotché » à son écran et à son monde virtuel ! - Le temps passé avec le « numérique récréatif » est souvent prélevé sur le sommeil . Or un déficit de sommeil risque d’affecter l'attention, la mémorisation, la créativité, le contrôle de l'émotion (agressivité, dépression…) et bien sûr la santé (obésité, comportements alimentaires…). D’autre part, pour de nombreux scientifiques, l’exposition précoce aux écrans est un « désastre absolu ». Plus l’enfant est initié tôt, plus il est en danger de devenir un « usager compulsif ». - Aujourd’hui la quasi-totalité des recherches rigoureuses démontrent un effet négatif de l’usage des écrans

récréatifs sur la réussite scolaire ; aucun ne montre d’effet positif. - Il faut résister aux « lieux communs absurdes » que la littérature scientifique qualifie de « mythes » propagés par des industriels et de nombreux experts médiatiques nous expliquant que le « tout numérique » fait des jeunes générations des génies avec des cerveaux « améliorés ». Tout ceci mérite notre vigilance.

QUELLES SOLUTIONS ?

- Encourager enseignants et parents à se concerter pour réfléchir sur les objectifs du numérique à l’école et à la maison, établir des règles précises et adaptées de consommation, faire en sorte qu’elles soient acceptées, puis encourager l’autocontrôle pour une utilisation saine de ces technologies facilement envahissantes. - La nature des usages des écrans est bien évidemment à prendre en compte. Un jeu vidéo ou un réseau social comme Facebook ne sont pas du même ordre qu'une consultation pour une activité scolaire. - Une recherche sur le net suppose de savoir trier les résultats, ce qui est loin d'être évident et implique au préalable de très bonnes références ; elles-mêmes ne peuvent être acquises que par les moyens traditionnels tels qu’un professeur qui a fait lui-même la sélection de ce qui est pertinent et de ce qu’il est important de transmettre. - Faut-il en venir à l’interdiction ? Non, si ce n’est pour l’accès des mineurs à des contenus ou des usages préjudiciables. Il s’agit pour les éducateurs d’une éducation des jeunes à la liberté. Les écrans seront des alliés si nous agissons énergiquement et courageusement. Enfin moins d’écrans c’est plus de vie : parler, échanger, dormir, faire du sport, jouer d’un instrument de musique, dessiner, peindre, sculpter, danser, chanter ; prendre des cours de théâtre et... lire.

Marie-Christine de Kerangat-Toussaint

8. Apprendre à se documenter

Pour que les élèves puissent se documenter, il faut un certain nombre d’instruments de travail à mettre à leur disposition. Il faut aussi leur apprendre à s’en servir.

En premier lieu, viennent les livres qui constituent une bibliothèque de classe. C’est, au minimum, des dictionnaires, des encyclopédies, des atlas géographiques et historiques, des grammaires, des livres de conjugaison...Il ne s’agit pas d’enfermer tous ces livres dans un placard. Ils doivent être à tout moment accessibles. Ce sont des trésors qu’il faut faire respecter et que l’on doit ranger au bon et même endroit. Dès que l’enfant sait lire, il convient que l’enseignant passe du temps à lui apprendre à se servir de ces outils : savoir utiliser l’alphabet pour rechercher un mot ou un nom propre, lire un sommaire ou une table des matières, avoir recours à des index…

A l’échelon de l’école, le centre de documentation offre des ressources variées, avec de nombreux et beaux ouvrages mais aussi des vidéos et des DVD. Les jeunes peuvent mesurer l’étendue des richesses du savoir humain. C’est un lieu de lecture et de recherche mais aussi de socialisation, puisqu’il permet d’apprendre à respecter les autres et aussi à échanger avec des élèves plus âgés ou plus jeunes. C’est parfois un endroit où l’on peut assister à des conférences de personnes extérieures où encore découvrir des expositions réalisées par les élèves d’une autre classe.

Mais aujourd’hui l’outil de documentation le plus prisé par les élèves et, il faut bien le dire, le plus complet et le plus extraordinaire, c’est évidemment internet. Très jeunes, les enfants savent se servir d’une souris et manipulent souvent mieux que l’adulte l’ordinateur, la tablette ou le smartphone. Cela leur est devenu aussi familier que le téléphone ou la télévision.

Bien utiliser Internet est aussi nécessaire que de savoir lire, écrire, compter ou nager. Faut-il encore apprendre à bien s’en servir. Et, pour cela le rôle du maître est primordial mais aussi celui des parents. Il y a un apprentissage de la recherche sur internet qui est fonda

mental et qui doit être la préoccupation des enseignants et des documentalistes à chaque niveau.

Car cela ne va pas sans risque… D’abord celui de faire d’internet une source unique de tous les savoirs. Certains élèves iront chercher tout ce qu’il y a sur Internet avant même de réfléchir et de choisir.

Ensuite le risque de se perdre dans un océan de données et même parfois de ne plus savoir ce qui est re- cherché face à une masse d’information vertigineuse.

Enfin il faut dénoncer le danger de limiter la créativité et l’esprit critique en donnant à tous les élèves les mêmes approches.

Jean-Marie Diem


N.B. Nous sommes preneurs des expériences, des réussites et aussi des soucis que peuvent avoir nos lecteurs par rapport à la documentation sur Internet ?