APPRENDRE AUX BONS MOMENTS

Dès la naissance, chacun est mis en situation d’apprentissage et chaque minute de vie apporte des informations qui sont assimilées immédiatement. Même si l’éveil paraît lent, il se fait au rythme de chacun et jour après jour, selon les capacités d’imprégnation propres à chaque âge, selon aussi la richesse de l’environnement et les propositions des adultes. Les connaissances s’organisent, se structurent, s’affinent et se fixent. Elles vont constituer un fond culturel précieux dans lequel chacun ira puiser lorsque les besoins se manifesteront.

C’est de cette façon que se préparent la reconnaissance du milieu, le langage, la prise progressive d’autonomie, l’éveil sensoriel, la connaissance par les perceptions, l’analyse des situations, la transmission des informations, l’organisation du discours, la réflexion, l’abstraction… De là aussi naissent les peurs, les craintes, les refus, les intolérances, les oppositions, les échecs. Les apprentissages, pour tous, selon des schémas à peu près identiques mais très personnalisés se mettent en place tout au long de long de l’enfance, et tout au long de la vie.

C’est naturel, disons-nous et cela se fait sans pression, au moment opportun pour chacun, dans un temps précis, dans l’effort, certes, mais dans la sérénité, sous les regards attentifs et bienveillants d’adultes encourageants. Des périodes bien identifiées et repérables sont nommées par Maria Montessori « périodes sensibles ». Elles sont des temps privilégiés durant lesquels un apprentissage intensif s’élabore et se finalise. Elles durent assez peu de temps et rassemblent les énergies de celui qui apprend et acquiert une nouvelle autonomie. Elles sont des temps d’efforts, d’exigences, mais surtout des temps ou l’intérêt est la source des mises en œuvre et des apprentissages. Bien des préalables les facilitent, mais elles se manifestent souvent de manière explosive.

Il marche, elle est propre… Il parle... Il lit … Ces « maîtrises » sont indispensables à la poursuite des acquisitions. Le puzzle se met en place. Chaque chose se faisant en son temps, on ne revient sur ce qui est acquis que pour affiner.

D’étapes en étapes les conquêtes se font. L’enfant grandit. Il progresse et devient capable de cumuler les savoirs, de franchir les épreuves, sans forcer. Maîtriser une nouvelle acquisition est une conquête personnelle qui renforce la confiance en ses capacités et met en route pour de nouveaux progrès.

Mais c’est aussi prendre la mesure de son énergie, de sa force intérieure, de sa capacité à franchir des étapes et de savourer la satisfaction que le savoir- faire ap-porte. Ceci implique un engagement intensif de chacun, et lorsque c’est possible, les efforts ne se comptent plus. L’activité déployée en est le témoin, et, le plaisir pris, le résultat. C’est de cette façon que l’intégration à un milieu se fait, que les habitudes de vie se fixent, que les relations aux personnes, aux choses se stabilisent.

A l’école, si les étapes de scolarisation sont respectées, la démarche est la même. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter et de douter. Les acquisitions s’imposent et se succèdent. Il y a un temps pour apprendre à écrire, pour apprendre à lire, pour apprendre à compter, pour apprendre à composer …. On ne peut tout faire à la fois. Et si la répétition est souvent nécessaire, elle n’est pas forcément adaptée à tous; elle risque d’empêcher la réflexion et donc la compréhension.

Monique Le Gall